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Lundi 8 septembre 1 08 /09 /Sep 00:53

    Ma mère me conduisit à l'aéroport de Paris Charles de Gaulle. Il pleuvait ce jour-là, ce qui n'arrangeait en rien l'humeur exécrable de celle-ci. Le ciel gris reflétait parfaitement mon état d'esprit : morose. Quitter mon pays natal pour aller m'installer dans un archipel totalement inconnu m'angoissait mais moins encore que l'idée de retrouver ce père que je n'avais pas revu depuis mon enfance. Je n'avais gardé de lui que quelques photos - les rares que ma mère n'avait pas brûlées dans un accès de colère - et aucun souvenir. Cet homme à la carrure athlétique et au sourire colgate me faisait l'effet d'un parfait étranger... avec lequel j'allais désormais passer le reste de ma vie, ou du moins jusqu'à ma majorité. Plus qu'un an à tenir, donc... et dire que je n'étais même pas encore arrivé.

Mon père vivait au Japon depuis son divorce, ou devrais-je dire que mes parents ont divorcé parce que cet homme avait soudainement décidé d'aller s'installer dans ce pays du soi-disant soleil levant. Ma mère n'avait jamais voulu m'expliquer le pourquoi de la chose et, à force de l'entendre crier qu'elle n'en avait rien à faire de ce type cinglé, j'avais abandonné l'idée de lui poser la question. Cet homme que j'avais pour père restait donc un parfait mystère...

- Il est toujours temps de changer d'avis...

Je regardai ma mère d'un oeil morne et secouai la tête. Aucune chance que je revienne sur ma décision. La France, c'était terminé pour moi, j'en avais eu mon compte. Ces dix-sept années de ma vie, j'aurais bien voulu les oublier. Trop douloureuses. Il était temps que je me reprenne en main et pour ce faire, il me fallait changer de milieu, du tout au tout. Ce projet m'avait déjà trotté dans la tête un bon bout de temps, depuis un an et demi pour être précis. J'avais entrepris d'apprendre le japonais en douce dans le dos de ma mère et je m'étais aperçu avec surprise que cette langue me plaisait.

- Tu es sûr de ce que tu fais ?

Je soupirai et l'observai du coin de l'oeil. On aurait dit qu'elle était sur le point de faire une crise de nerf. Pris de pitié, je la rassurai.

- Certain. Tout ira bien, Maman, je pars peut-être à l'autre bout du globe, ce n'est pas pour ça qu'on se parlera plus. Tu oublies les merveilles technologiques de notre temps...

Ces merveilles en question ressemblaient à des extra-terrestres pour ma mère quelques mois plus tôt.. Avant qu'elle me donne son autorisation de quitter le pays, elle m'avait obligé à lui dévoiler les arcanes de l'ordinateur et d'Internet. Cela avait pris du temps, beaucoup de temps mais ça valait la peine. Au bout de six mois, j'eus enfin la permission de rejoindre mon père.

Celui-ci s'était montré ravi de me recevoir. Il ne m'avait pas revu depuis dix ans et ces retrouvailles tardives l'enthousiasmaient plus que moi. J'allais débarquer chez lui comme un envahisseur car, entre-temps, mon père n'avait pas chômé : il s'était remarié et avait même eu un fils...

- Je ne devrais pas tarder sinon je vais rater mon avion...

Ma mère gémit. Visiblement elle ne s'était toujours pas fait à l'idée de me quitter, espérant peut-être secrètement que je change d'avis à la dernière minute. Pas de chance, ça ne risquait pas d'arriver. Certes, je n'étais pas très motivé de m'exiler au Japon, mais c'était toujours mieux de rester dans ce pays pourri.

Je me dirigeai à pas lents vers la zone d'embarcation puis me retournai vers ma mère. En guise d'adieu, je portais mon habituel jeans délavé usé aux genoux, des baskets blanches avec trois bandes noires, mes préférées, et un sweat-shirt bordeaux à capuche. Je la serrai une dernière fois dans mes bras.

- Tout se passera bien.

Je lui jetai un dernier coup d'oeil, puis montai à bord sous le regard de chien battu que ma mère m'offrait. Il ne fallait pas exagérer, ce n'était pas comme si je la laissais toute seule. Lorsqu'elle rentrerait à la maison, elle retrouverait son mari, Daniel, et ma charmante petite peste de demi-soeur, Marie.

L'avion décolla.


Le trajet Paris-Tokyo durait une douzaine d'heures. Pendant ce temps j'eus tout le loisir de m'enfiler quelques films mis à la disposition des voyageurs et de récupérer quelques heures de sommeil. Mes dernières nuits françaises n'avaient pas été terribles et l'angoisse de ce nouveau départ n'était pas le seul coupable. Le vol fut agréable et je n'eus pas trop le temps long. L'avion atterrit à 16 heures, heure locale.

Mon père m'avait promis de m'attendre à l'aéroport. Je récupérai donc mes valises et m'installai dans un coin où j'avais une vue d'ensemble sur la zone de débarquements. Je ne savais pas si j'allais le reconnaitre mais, lui ayant fait part de mon angoisse, il m'avait assuré qu'il m'attendrait avec une grande pancarte de bienvenue. Je l'avais remercié, mais sans façon, trop la honte. Cependant, mon père ne voulut pas en démordre. Je m'attendais donc au pire en me convaincant mentalement que ce n'était qu'un mauvais moment à passer.

Au bout d'une demi-heure passée à l'attendre, je commençais à m'impatienter. Mon père m'avait laissé son adresse et son numéro de téléphone au cas où j'aurais eu un problème... Je n'hésitai plus et monopolisai une cabine téléphonique. Après avoir incéré quelques pièces et formé le numéro, la sonnerie résonna dans ma tête et me donna mal au crâne. Si ce vieux m'avait oublié, il allait le regretter. Je tombai sur le répondeur et raccrochai le combiné. J'hésitai un instant et refis le numéro, sans plus de succès. Il m'avait définitivement oublié. Je sortis de la cabine et ouvris mon portefeuille pour compter ma richesse : 20550 yen, environs 150 euros. J'avais les moyens de me payer un taxi, mon père n'habitait pas trop loin de l'aéroport... mais ce vieux aurait intérêt à me rembourser.

J'hélai un taxi et m'engouffrai dedans avec angoisse. Je donnais au chauffeur le bout de papier où était inscrite l'adresse de mon père et baragouinai un charabia qui était censé être une formule de politesse. Vingt minutes plus tard, j'arrivai enfin à destination, le portefeuille allégé de moitié. La maison était énorme, je ne m'attendais pas à ça. L'allée bordée de buissons impeccablement bien taillés menait à une immense porte de bois peinte en blanc encadrée de deux colonnes toscanes qui n'avaient rien de japonais. Je respirai un bon coup et appuyai sur la sonnette.

Si mon père m'ouvrait, il allait m'entendre. Trépignant d'impatience, j'attendis, prêt à exploser à tout instant. Personne ne vint m'ouvrir. Je pestai et m'acharnai sur la sonnette en appuyant généreusement dessus. Mon doigt venait à peine de quitter le bouton, après une bonne vingtaine de coups de sonnette, que la porte s'ouvrit violemment. J'ouvris la bouche sur le point de laisser libre cour à ma colère... puis suspendit mon geste. Ce n'était pas mon père qui se tenait devant moi. Même sans l'avoir revu depuis dix ans je pouvais le deviner. L'homme qui venait d'ouvrir cette porte devait avoir à peine quelques années de plus que moi. Cheveux noirs de jais mi-longs tombant sur son visage de manière désordonnée, yeux noirs perçants, cigarette au bec, le teint halé de sa peau tranchait admirablement bien avec la blancheur de son t-shirt sans manches qui moulait une musculature superbement dessinée. Il portait un large pantalon noir à poches et avait visiblement un goût prononcé pour l'argent étant donné les nombreux clous, anneaux et pendants métalliques suspendus à ses oreilles, ses nombreuses bagues aux doigts et la chaîne affichée à son cou. Son visage fin avait des traits soignés et laissait entrevoir une franche irritation. Il n'était pas de bonne humeur le bonhomme et, au fond de moi je savais qu'il valait mieux ne pas l'énerver davantage au risque d'y perdre la vie. Je fermai vivement la bouche, certain de m'être fait passé pour un véritable crétin et sourit mal à l'aise.

- Konnichiwa...

Pas terrible... Il fallait que je me rattrape et que je m'en aille au plus vite.

- Euh.. Je... crois que je me suis trompé, désolé.

Je le saluai rapidement pour m'excuser – à ce qu'il parait c'était la coutume dans ce pays – et fit demi tour pour prendre mes jambes à mon cou. Du moins c'est ce que j'espérais. Mes espoirs furent bien vite envolés lorsqu'une main s'abattit soudain sur mon épaule. Une goutte de sueur coula le long de mon dos, je déglutis péniblement. Merde ! Je n'aurais définitivement pas dû entrer dans ce pays de dingues ! Je commençais sérieusement à regretter ma décision... Adressant des prières à un Dieu en qui je ne croyais même pas, je fus interrompu par une voix étonnée qui me paraissait lointaine :

- Lucas ?

Je me retournai. À côté du jeune homme qui venait de m'ouvrir se tenait... mon père ! Je n'y comprenais rien.

Je me forçai à sourire, enlevai d'un geste souple la main du beau ténébreux de mon épaule et tentai de reprendre contenance.

- Ah, visiblement je ne m'étais pas trompé.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

Ce que je faisais là ? J'ouvris une seconde fois la bouche sur le point d'exploser, puis je me précipitai vers ce père incompétent et lui marchai sur le pied d'un geste rageur. Celui-ci étouffa un cri de douleur à mon plus grand bonheur.

- Je te signale que t'étais censé venir me chercher, crétin ! J'ai poireauté pendant une bonne demie heure à l'aéroport, j'ai essayé de te téléphoner, rien ! J'ai dû me payer un taxi pour arriver jusqu'ici, comment tu as pu m'oublier ?

Mon père me regarda sans comprendre.

- Tu n'arrivais pas le mois prochain ?

Par Ein - Publié dans : Pain melon
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